Les rois de France à la sauce béarnaise

L’histoire d’Henri de Navarre est plus celle de la France que celle du Béarn. Passons-la rapidement en revue : profitant d’un flou dynastique et d’une absence d’héritier au trône de France, le jeune roi de Navarre fait valoir ses droits à la couronne (cousin du roi de France au 22° degré), soulevant l’indignation des catholiques et des Espagnols, qui ont peur que la France devienne un pays protestant. Henri combat avec ses armées pour imposer son bon droit. Il conquiert la France, ville par ville, boute les Espagnols hors du royaume et se convertit au catholicisme pour apaiser les esprits. Les Béarnais voient cette conversion comme une trahison. Henri IV les rassure :
- Ne vous inquiétez pas ! Ce n’est pas la Navarre que je donne à la France, mais la France que je donne à la Navarre…
Rassurés, les Béarnais acclament leur roi et se souviennent qu’il a reçu leur baptême populaire : une gousse d’ail sur les lèvres et une goutte de vin de Jurançon sur le front. Pour eux, c'est donc gagné : la France est enfin devenue béarnaise…
Il faut dire qu’Henri IV revint souvent dans les Pyrénées. Sa femme, la reine Margot, était stérile. Il l’emmena se frotter aux morènes des montagnes qui, par leur forme de phallus, redonnaient de la fertilité aux paysannes du coin. Comme ça ne fonctionnait pas, il préféra divorcer et se remarier avec Marie de Médicis. Le fils qui naquit, le futur Louis XIII, fut emmené dans les Pyrénées pour faire des cures aux Eaux-Chaudes. Des eaux censées donner une vigueur sexuelle hors du commun. Louis XIV naîtra, plus tard, de ces cures de fécondité, et se maria à Saint-Jean de Luz avec la fille du roi d’Espagne…
Quant à la culture béarnaise, elle restera l’apanage des rois de France. La danse la plus exécutée à la cour de Versailles, le branle bache, ne se danse plus, aujourd’hui, qu’aux fêtes montagnardes de Laruns…