La Grande Déesse
Au-dessus de la Soule et du pays basque, l’antique déesse veille et porte son regard opalin sur les crêtes désolées et nocturnes des montagnes. Elle n’est souvent qu’une vapeur, une brume, qui se mêle à un pâle rayon de lune tombé du ciel. Elle se répand sur les plateaux, auprès des hommes, en même temps que la lueur éclatante de la pleine lune, son grand œil ouvert. Ses adorateurs l’attendent, réunis en cercle dans les cimes nocturnes ; ils tiennent des flambeaux dans les mains. Les sacrifices et les jeux de pelote sacrés vont battre leur plein toute la nuit, en son honneur. Deux équipes vont suer et s’affronter violemment, sur le plateau gondolé du Sorhopil, au-dessus d’Ahusky. La grande Déesse se nomme Yaun Goïkia. Un nom difficile à traduire pour des peuples qui ne sont habitués qu’à adorer un dieu mâle et barbu. Yaun Goïkia, c’est la Dame Divinité du ciel. Une traduction satisfaisante serait Dieu la Mère. C’est la déesse initiale de la nature, qui porte le croissant de lune sur son front de vierge, pâle et glacé comme un sépulcre, et qui entoure son visage de deux flammes vacillantes. Son visage vaporeux se mêle aux coulées de lait de la Voie lactée, et scintille au milieu des étoiles, ses humbles servantes. Yaun Goïkia est la déesse protectrice de chaque foyer et de chaque demeure basque (ETXE) ; En tant que déesse lunaire, vouée à disparaître et à renaître indéfiniment, elle est initiée aux Mystères de la Mort et de l’Au-delà. C’est elle qu’on implore à chaque accouchement et à chaque enterrement. C‘est son feu qui brûle au cœur de chaque maison et de chaque tombeau…